Ayant participé activement à la création de l'AMV, j'aimerais vous décrire mon parcours pour vous expliquer pourquoi cette belle association tient une place si grande dans mon cœur.
J’ai terminé mes études d’assistante sociale en 1948 et ai fait un de mes stages à l’Amicale Belge des Paralysés. La directrice était une personne d’une extrême sensibilité sociale et humaine. C’est au cours de cette expérience que j’ai été stupéfaite de voir à quel point les personnes moins valides étaient encore assistées officiellement et percevaient encore l’allocation pour infirmes et estropiés (dénomination de l’époque !).
Elle avait déjà une tout autre mentalité et avait déjà mis en place un service social pour s’occuper de la réinsertion sociale des personnes moins valides. Elle a également créé les journées artisanales à Genval pour leur donner une certaine formation professionnelle.
Devant choisir un sujet de mémoire à l’école, j’ai proposé à une monitrice de le faire sur le thème : Associations pour moins valides organisées et dirigées par les intéressés eux-mêmes. Cela fut accepté, et je suis partie en privé faire un séjour d’un mois en Suisse où ce type d’associations était déjà plus développé.
J’ai contacté et visité plusieurs associations de ce genre pendant mon séjour (mal voyants, malentendants, muets, diabétiques, épileptiques et autres) et rendu visite à domicile, d’ateliers privés ou d’entreprises. Tout cela concernait fort bien l’ABP qui, une première en Belgique, était fondée par 3 handicapés moteurs. À mon retour de Suisse, j’ai été engagée par l’ABP et ai poursuivi mon but initial.
Une deuxième lutte a été celle en rapport avec la différence. Je voulais prouver que la différence entre valide et moins valide existe (ailleurs également : sportifs, artistes, intellectuels ou manuels, etc.). C’est la vie ! Il ne faut pas le nier mais en profiter.
À mes yeux, tous sont différents mais égaux et d’une même valeur (sauf ceux qui ne respectent pas les droits de l’homme). C’est pour cela que dans mon travail et nos réunions, j’ai toujours soutenu l’importance de la solidarité et de la complémentarité. Les associations ont besoin de tout ; les moins valides pour l’expérience et les souhaits ; les valides pour leur aide et leurs suggestions.
Ma troisième lutte a été l’accessibilité pour tous à tout, mais ce thème bien connu de vous tous est déjà exploré mais encore loin d’être réalisé.
Vous savez maintenant pourquoi l’AMV me tient tellement à cœur.
Françoise Gonze-Pauporté